Les gilets jaunes révèlent la fracture et les écarts de la société française - neuf millions de pauvres contre cinquante-sept milliards de dividendes -, les vies invisibles sur les écrans de nos représentations collectives, les existences à moins de mille euros par mois dans l'absence ou la difficulté de tout... Dans des formes très diverses, analyses, nouvelles, poèmes, tribunes, micro-fictions... les écrivains réunis ici, qu'ils décrivent avec empathie des gilets jaunes, leur donnent parole, racontent, s'insurgent ou s'enthousiasment, témoignent de leur solidarité ou de leur proximité avec la France populaire.
Une lettre administrative, et tout chavire... Pour Yvon Le Men, poète et diseur de poèmes, la vie bascule lorsque Pôle Emploi lui annonce qu'il est radié du régime des intermittents du spectacle et contraint de rembourser des années d'indemnités. Le souvenir de la pauvreté lui remonte au cœur comme la marée, tandis que la perte de ses droits le ramène vers tous ceux que le chômage rejette aux marges de la société. Son histoire pourrait être celle de chacun d'entre nous face à l'incommunicabilité et la douleur de n'être pas entendu. Ce livre n'est pas la complainte d'un homme aux prises avec l'administration, mais un cri qui se joint à d'autres cris, ainsi que le suggèrent les dessins de Pef. Un texte poignant, souvent drôle, qui fait entendre les pulsations d'un cœur "en espoir de cause".
Cette île en terre, qu'elle est-elle ? Pour Yvon Le Men, qui nous livre ici le premier recueil d'une trilogie, l'île est d'abord le hameau où se déroule une enfance en noir et blanc, aux lisières de la pauvreté, un lieu où des vies humbles ont tracé le sillon de leur humanité. Celle d'un père trop tôt parti, d'une mère chevillée au réel, d'un voisin, l'inénarrable Jean-Claude, que chacun pourrait avoir rencontré « dans la banlieue de sa vie ». Cette île est aussi celle que l'enfant s'invente pour grandir : des premières lectures une pile électrique sous les draps, aux rêves qui traversent la fenêtre comme des oiseaux blancs, il laisse à la poésie le soin de gouverner son cœur. Un voyage pour « aller à l'étranger comme chez son ami, et chez son ami comme à l'étranger ». Un livre pour lequel mon engagement d'éditeur est total.