Lucille est née au milieu des marais salants de la baie de Bretagne. Très tôt, elle apprend auprès d’Agnès une saulnière qui est aussi sonneuse de cornemuse, à extirper le sel des entrailles de la terre. De cette passion secrète, elle veut en faire son métier. Mais dans la Bretagne des années 60, les salines sont rarement léguées aux femmes. Son père a prévu d’offrir celle de sa famille à son frère qui perpétuera la tradition. La jeune femme quitte le marais et devient vendeuse à Nantes. Dès qu’elle a un moment, elle vend des pochons de sel. Mais cela ne suffit pas à lui faire oublier le pays maraîchin. Car tout, y compris l’amour, la ramène à la terre salée du marais, là où son corps et sa vie embrassent l’eau et la lumière.
De la presqu'île du Cotentin au pays lauragais, dans le sud-ouest de la France, Margriette ne s'est jamais séparée de son petit bonnet de laine rouge. Souvenir de guerre de son père, triste témoin du départ de sa mère, c'est grâce à lui qu'elle a trouvé son âme sœur. Le jeune homme l'accepte telle qu'elle est : garçon manqué, et fille de parents divorcés. Cependant, alors que gronde la révolution algérienne et que l'industrie gagne chaque jour du terrain, la vie dans le monde rural est de plus en plus difficile, et la jeune agricultrice doit se battre pour réussir à tracer son sillon.
La belle Jeanne n’aime rien tant qu’arpenter les falaises sauvages de sa terre puissante, battue par les vents, caressée par les marées. Soumise depuis toujours aux ordres de sa mère, veuve inconsolable, et contrainte aux travaux des champs, Jeanne, d’une nature passionnée, s’évade grâce à ses lectures, à son amitié pleine de fantaisie avec Lara la voisine, et surtout à son amour pour Germain… Elle qui sera initiée par sa mère, accoucheuse à l’occasion, aux mystères de la vie n’enfantera jamais. Car il lui est défendu d’épouser Germain. Alors, dans le secret de leur presqu’île, les deux jeunes gens vont écrire leur singulière histoire…
Si Yvonnick a un prénom et des bras d'homme, c'est grâce à sa mère qui lui a appris à se défendre des coups. Et ces bras d'homme, Yvonnick en a bien besoin depuis que son mari, qui travaillait à J.J. Carnaud et forges de Basse-Indre, l'ancêtre d'Usinor puis d'Arcelor, n'est plus là. En acceptant de prendre sa relève à la forge, la jeune veuve et mère d'un enfant fragile, élevée dans le marais salant breton, devient métallo. Une vie ouvrière de lutte qui ne l'empêche pas de se faire respecter des hommes ni de gagner son indépendance, et surtout, d'être fière de son travail à l'usine et de sa communauté solidaire. Mais cette fierté, menacée dès 1968, se rompt au fil du temps, les notions de rentabilité, de courbes et de tableaux de chiffres chassant l'idée d'un combat pour une vie meilleure.
Voici le témoignage d'un homme né en 1927, qui a observé pendant toute son enfance son père rebouteux et hérité de sa mère l'incroyable don de soigner zonas et brûlures. Grâce à ce précieux legs, il ira, itinérant, soulager les souffrances des uns et des autres, entre le Mont-Saint-Michel et la Bretagne. Avec lui, on pénètre un univers où la raison lâche parfois prise quand le corps et les mots guident les gestes du soignant. D'une rare humanité, cet homme déroule le fil de sa vie ponctuant ses confessions d'histoires surprenantes au cœur d'une campagne presque disparue à conserver au sein de notre mémoire collective.
« Paysan, je vis depuis 88 ans sur une terre à cailloux, dans une presqu’île. Ça change beaucoup de choses d’être entouré par la mer. Chaque jour j’écris mes pensées sur de vieux agendas de récupération. Par petits coups de griffes sur le papier, j’écris des morceaux de mon cerveau. Raconter ma vie, c’est pour moi un peu comme baratter mon beurre, le même baratin, sauf que c’est moins difficile pour les bras. J’ai envie de parler des pierres, car des pierres, personne ne pense à parler pour elles. D’autres pensées me préoccupent, comme celle des gens qui sont vivants, trop vivants aujourd’hui et notre terre qui devient morte. J’ai ouvert la porte de ma petite ferme avec vue sur mer, phare et sémaphore. Vous me parlez de votre vie et je vous parle du trésor de comprendre ce qu’a été la mienne. Je n’ai rien voulu du bonheur et je l’ai rencontré quand même en regardant mes vaches ne manger que de l’herbe et des fleurs. »
C'est la dernière des Kermadec. Elle sera « la Chose », fillette damnée, qui grandit dans le silence et le froid d'une cave... 1931. Aëlle et Madalen Kermadec, ravissantes Nantaises, rencontrent à la faveur d'un bal champêtre dans la presqu'île du Cotentin les vieux garçons Valvachet. Ils se marient d'un bel amour. Au côté de Roland, potier, Madalen s'épanouit dans son métier d'institutrice à Barfleur, tandis qu'Aëlle rejoint Auguste dans sa ferme isolée entre lande et falaises. Mais dans ses cartes, la voyante Thilda pressent un drame qui va marquer toute une famille du sceau de la honte et du secret...