On part en montagne pour éprouver la solitude, pour se sentir minuscule face à l'immensité de la nature. Nombreux sont les imprévus qui peuvent se présenter, d'une rencontre avec un cerf au franchissement d'une forêt déracinée par le vent. Sur un sentier escarpé des Dolomites, un homme chute dans le vide. Derrière lui, un autre homme donne l'alerte. Or, ce ne sont pas des inconnus. Compagnons du même groupe révolutionnaire quarante ans plus tôt, le premier avait livré le second et tous ses anciens camarades à la police. Rencontre improbable, impossible coïncidence surtout, pour le magistrat chargé de l'affaire, qui tente de faire avouer au suspect un meurtre prémédité. Dans un roman d'une grande tension, Erri De Luca reconstitue l'échange entre un jeune juge et un accusé, vieil homme «de la génération la plus poursuivie en justice de l'histoire d'Italie».
"Quelle heure est-il ? Tôt le matin, l'Europe se met en route pour l'école. Elle rapporte ses devoirs à la maison : lutter contre les poussées en arrière par un élan vers une union plus étroite. Le devoir sera effectué par les meilleurs élèves, ceux du noyau fondateur. Que feront les autres ? Ils suivront, un peu à contrecoeur, par le chemin des écoliers". Dans cet essai inédit, prolongé par quelques textes d'intervention précédemment parues dans la presse, Erri De Luca exprime son attachement à une Europe ouverte et humaniste. Revendiquant son devoir d'ingérence au nom de la mixité des cultures, il nous offre, par ses mises à feu, sa vision d'une communauté humaine au-delà des frontières - telle que la littérature sait l'incarner : "Le remède obligatoire et immunitaire reste la lecture des livres du monde. Je leur dois d'être porteur de citoyennetés variées et de fraternité européenne".
Un soir d’orage, un homme - qui ressemble beaucoup à l’auteur - est assis à une table, chez lui. Éclairé par le feu de la cheminée, il est en train de lire un livre pour enfants, Pinocchio. Dans la pénombre, une présence évanescente apparaît à ses côtés, qui évoque le profil du fils qu’il n’a jamais eu. L’homme imagine lui raconter sa vie : Naples, la nostalgie de la famille, la nécessité de partir, l’engagement politique. À travers cette voix paternelle, ce fils spectral assume progressivement une consistance corporelle. La confession devient confrontation, la curiosité se transforme en introspection, le monologue évolue en dialogue, au cours duquel un père et un fils se livrent sans merci.
Aller simple débute sous le soleil africain où prend forme, poème après poème, l'épopée tragique d'émigrés tentant de rejoindre le sol italien. Du sable brûlant à la mer impitoyable, nous suivons ces figures qui affrontent la faim. la violence de la nature, et celle des passeurs. Cette succession de vers fait écho aux nombreuses histoires tristement familières, au destin des désespérés qui affrontent la Méditerranée jusqu'à nos côtes européennes. Mais ici encore, la dignité n'a pas sa place et le retour forcé ne mènera nulle part : "le départ n'est que cendre dispersée, nous sommes des allers simples". A la suite de ce voyage à sens unique, quatre quartiers imaginaires, celui des pas reclus ou encore celui de l'amour sidéré, composent celte ville que représente le livre (le poèmes, selon l'auteur. L'espace y est tiraillé, Erri De Luca évoque l'enfermement, l'incarcération d'anciens compagnons des années de plomb, parcourt la nature et les éléments. la passion et la sensualité qui se déclinent sans cesse. Quelques textes enfin concluent avec grâce ce magnifique recueil en visitant les différentes faces de son ouvre : le langage, la guerre, l'Italie, l'amour. et le rire.